par Jens Peder Weibrecht
LES MYSTERES DU LYCEE DE NØRRESUNDBY (PREMIERE PARTIE)
LES MYSTERES DU LYCEE DE NØRRESUNDBY (DEUXIEME PARTIE)
LES MYSTERES DU LYCEE DE NØRRESUNDBY (TROISIEME PARTIE)
Depuis 1990 je travaille beaucoup avec la télécommunication
comme professeur de français au Lycée de Nørresundby,
Danemark, et mon dossier est un essai sur un projet que j'ai fait
avec une classe de débutants en français où
nous avons essayé de remplacer l'examen ordinaire par un
examen basé sur la téléconférence
et la vidéo.
Le but de ce projet était d'utiliser la technologie moderne
et les conférences télématiques comme moyen
d'apprentissage d'une langue étrangère.
Le dossier décrit le développement du projet et
contient le résultat télématique du travail
des élèves qui est une pièce de théâtre
présentée comme un feuilleton sur un réseau
télématique, suivi d'un questionnaire pour les élèves
d'autres pays.
Dans la dernière partie du dossier je présente mes
vues sur l'application pédagogique d'un tel projet et le
rôle des élèves en concluant sur la force
de la nouvelle technologie et la possibilité d'utiliser
la télématique pédagogique comme une porte
ouverte sur le monde.
L'idée d'utiliser la création collective pour une animation télématique n'est pas inconnue, mais l'utilisation de la télécommunication et la création d'un film vidéo pour l'apprentissage d'une langue étrangère ont été une expérience nouvelle pour moi comme professeur de français et c'est pourqoui mon projet avec une classe de débutants sera mon scénario pédagogique. Un projet comme celui-ci peut être organisé dans toutes sortes d'écoles, collèges ou lycées, si on a un ordinateur, un modem, un réseau et une caméra vidéo.
Au Danemark on peut choisir au lycée le français
comme troisième langue étrangère, ce qui
veut dire que nous avons des débutants à l'age de
15 à l6 ans. On apprend le français pendant au moins
deux ans.
La classe 1a (16 élèves) qui a participé
dans ce projet avait déjà beaucoup écrit
pour des téléconférences télématiques
sur le réseau français SESAME, malheureusement trop
souvent sans réponse à leurs idées, questions
et opinions, car même si les téléconférences
télématiques sont très motivantes pour les
élèves, ceux-ci ont aussi besoin de réponses
plus personnelles que celles qu'on reçoit quand on participe
aux conférences.
A la fin de l'année scolaire on organise quelquefois des
journées spéciales d'examen annuel interne pour
les classes qui ne se présentent pas à un examen
définitif et ici le professeur a la chance d'organiser
des types d'examens internes peu ordinaires.
Mon but était de tester le niveau d'assimilition de la
langue française de mes élèves, renouveler
et maintenir leur intérêt pour la télématique
comme moyen d'apprentissage et en même temps utiliser les
technologies nouvelles dans une perspective créative, interactive,
interculturelle et communicative.
Type d'application télématique visée :
L'application télématique visée était la messagerie électronique du réseau SESAME et comme partenaires surtout les lycées danois et français qui font partie du projet franco-danois "La petite Sirène".
Organisation: Nous avions les trois dernières leçons de 45 minutes pour la préparation de l'examen annuel interne.
Première leçon :
Première étape : Remue-méninges dans la classe.
Parmi de nombreuses idées : école, film, roman,
questionnaire etc. Les élèves avaient surtout l'envie
d'une production quelconque.
Deuxième étape : Discussion d'une production vidéo
et d'une production télématique. Solution : on allait
écrire un feuilleton pour nos amis en Europe et puis nous
allions le filmer en vidéo.
Deuxième leçon :
Discussion du contenu de ce feuilleton, d'un côté
nous avions envie d'écrire une sorte de roman policier
de l'autre côté, il fallait trouver un moyen pour
apporter à cette histoire une couleur locale, car nous
n'avions pas la possibilité de nous éloigner du
lycée pour tourner le film. Nouvelle idée formidable:
pièce de théâtre policière qui allait
avoir lieu dans notre propre lycée. Mais comment écrire
l'histoire ?
Troisième leçon :
Pas d'histoire policière sans meurtres. Assez vite nous
avons compris qu'il fallait se mettre d'accord sur l'ossature
du drame et puis faire trois groupes pour les trois actes. Nous
avons choisi comme sujet un ménage à trois, cela
veut dire deux jeunes lycéens qui se détestent et
une jeune lycéenne qui sort avec l'un d'eux, mais que l'on
voit aussi avec l'autre de temps en temps. Cette histoire était
l'acte II, comme garniture on allait mettre cette histoire en
flash-back dans les actes I et III. Nous avons formé les
trois groupes qui devaient écrire chacun leur acte pour
la période d'examen annuel interne.
Commentaire : C'était très clair que pour un projet comme ça, nous avions besoin d'une semaine au moins, on nous a donné 4 jours de 8.15 à 13.50. J'ai fait un plan de travail pour la classe en ajoutant les aspects de l'école et de la télécommunication.
Plan du travail:
Premier Jour :
Les trois groupes écrivent leur partie de l'histoire en
français sur les ordinateurs. A 13h les groupes se rencontrent
pour une discussion en apportant leur partie de l'histoire.
Deuxième Jour :
On finit le manuscript avant 10h, après on se met en deux
groupe : le groupe vidéo et le groupe télématique.
Le groupe vidéo commence à transformer le manuscript
en scénario et les membres se concertent sur la distrubution
des rôles, des tâches techniques : cameraman etc.
Le groupe télématique prépare une page d'introduction
pour nos amis de SESAME avec une petite description de la vie
scolaire et un questionnaire sur l'école.
Troisième Jour :
Le groupe vidéo finit le scénario et commence à
se préparer pour les prises de vue, s'ils ont besoin de
figurants, ils s'adressent à l'autre groupe.
Le groupe télématique écrit le manuscript
pour le feuilleton qu'on va expédier sur le réseau
en trois parties à trois jours d'intervalle avec des questions
pour chaque acte.
Quatrième jour :
Les deux groupes finissent leur travail et on se rencontre dans
l'après-midi pour les dernières prises de vue et
une évaluation du projet.
Commentaire: Tout s'est très bien passé selon ce
plan de travail, mais comme le groupe vidéo n'a pas pu
monter le film ce qui demande un travail supplémentaire,
le professeur et quelques élèves promettent de le
faire pour une projection quelques semaines plus tard. Le groupe
télématique ont réussi à terminer
leur travail.
Chers amis!
Nous sommes une classe, 1.a avec 26 élèves. La moitié
apprend le russe et nous apprenons le français. C'est la
première année que nous avons le français
comme langue étrangère. Nous travaillons avec un
projet pour la fin de l'année. Nous avons écrit
un roman policier en trois parties qui se passe a notre lycée.
En même temps un groupe fait un film en video.
Nous nous trouvons dans le lycée de Nørresundby
au nord du Danemark. C'est un nouveau lycée de 1963. Il
y a environ sept cents eleves, qui arrivent à l'école
à huit heures et quart, et ils sont libres à deux
heures ou à trois heures.Nos leçons durent 45 minutes,
et nous avons des récréations de dix minutes. Au
déjeuner nous avons 25 minutes. Quand nous sommes libres,
nous faisons nos devoirs. Une fois par semaine il y a un rassemblement
le matin où le proviseur du lycee Peter Rugholm donne les
informations et apres ça les élèves font
des divertissements.
Tous les vendredi après les leçons nous allons au
café et nous buvons une limonade ou peut-être une
bière.
ACTE 1
Scène 1
Nous sommes en face du lycée de Nørresundby.
On voit la porte de l'école et on entre. On va dans le
couloir,on passe par la cantine en direction du compartiment.
Le compartiment est une pièce avec des coussins et des
tables, où des eleves peuvent se détendre. Là
on voit trois anciens élèves qui parlent.
Scène 2
Nathalie: Vous vous souvenez que Jean faisait toujours le chahut?
Isabelle: Oui!Il était un bon tapageur.
Jean : Non,vous vous trompez,j'étais un gentil garcon.
Isabelle: Puis il y avait une fois où tu faisais pleurer
Mademoiselle Rose.
Jean : Eh bien,quoi?
Nathalie: Mais nous avions quand même beaucoup de farces.
Les autres ricanent, mais Isabelle est très triste.
Isabelle: Vous rappelez-vous d'Yves.Il croyait toujours qu'il était le plus fort de notre classe mais il ne pouvait pas lever le levier dans la chambre de torture. (Les élèves de l'école appellent la chambre de gymnastique "La chambre de torture").
Scène 3
Flash back: On voit Yves qui essaye de lever le levier.
Scène 4
Dans le compartiment les trois amis s'amusent.
Jean : Pourquoi tu es si maussade?
Nathalie: Penses-tu à Pierre,Isabelle?
Jean : Ah oui,c'était à l'époque où
toi et Pierre vous étiez amoureux. Ça me fait de
la peine, qu'on l'a tué.
La deuxième partie va suivre le 3 juin
ACTE 2
Trois ans avant.
Scène l
Dans la salle de classe,une fille lit à haute voix.
Michel : (il interrompt) Je vais aux toilettes!
Le professeur: (il soupire) D'accord.
Michel quitte la salle de classe.
Scène 2
Michel va aux toilettes,et il salue Isabelle,elle fume.
Michel : Salut.
Isabelle: Salut Michel.
Scène 3
Michel est dans la cabine des toilettes,il chante.Tout à
coup il entend un bruit étrange,il ouvre la porte à
côté, et Pierre tombe par la porte,il est mort.
Michel : (crie) PIERRE!!
Michel, pris de panique,sort en courant par la porte.Son pantalon est ensanglanté.
Scène 4
Dans le couloir il heurte une professeur
Michel : Madame, il y a une personne aux toilettes,il est....
mort. C'est Pierre. C'est Pierre.
Quelqu'un l'a tué.C'est là-bas.
Il signale vers la toilette.
La professeur: Quoi?
Michel s'enfuit vers l'autobus.
Scène 5
Deux semaines après,Isabelle parle avec trois amis.
Monique : C'est incroyable que Michel n'est pas condamné,parce
qu'il a tué ton petit ami.
Isabelle: Oui,parce que je l'ai vu,quand il est allé aux
toilettes à ce moment-là.
Brigitte: Naturellement,c'est lui,qui d'autre?
Michel passe devant elle et les gens chuchotent.
Un garçon: (crie) Faites attention! l'assassin est là!
Marianne: Pourquoi il l'a fait?
Isabelle: C'est évident! Ils ont été ennemis.
Scène 6
Michel se suicide
Scène 7
Isabelle et Gérard sont dans un coin,ils se tiennent la
main.
Isabelle: Tu veux rentrer chez moi ce soir?
Gerard : Peut-être mais ce soir je vais travailler.
Isabelle : Je vais te raconter un secret.
Gérard : C'est passionnant, qu'est-ce que c'est ?
Isabelle lui chuchote à l'oreille,il a l'air choqué
Isabelle: Ne le dis à personne
Gerard : Je ne peux pas le promettre.
Gerard s'en va.
Scène 8
Le lendemain.
Une fille ouvre la porte de l'ascenseur,et voit le cadavre de
Gerard.
Troisième et dernière partie va suivre le 5 juin
ACTE 3
Scène l
Isabelle: C'était épouventable avec tous ces meurtres.
Nathalie : C'était la mauvaise personne qu'on a accusé
Isabelle: C'est ça que nous croyons? Parce que je ne crois
pas........mais alors pourquoi il s'est pendu?
Jean: Peut-être parce que nous lui avons donné un
sentiment de culpabilité....
Scène 2
Flash back : On voit que Michel pleure.Il a une dépression
nerveuse,il est furieux et fou.
Scène 3
Nathalie: Isabelle? Tu n'as pas le cafard? Il a été
ton petit ami.
Isabelle: Oui,mais...
Jean : Mais votre relation n'était pas bonne?
Isabelle: (de sang froid) Si,notre relation était parfaite
!
C'est terrible que Pierre a été assasiné
avec une hache.
Nathalie: .....avec une hache?? Comment tu le sais,Isabelle,on
n'a jamais trouvé l'instrument de crime.
Isabelle: Tais-toi! Cochonne!
Jean : Pierre, il m'a raconté qu'il t'a abandonnée
Isabelle: Vous êtes trop curieux (elle part vite)
SILENCE UN MOMENT
Nathalie: Oui,mais Gerard? Il n'est pas mort sans cause,il a su
quelque chose.
Jean : Je crois qu'Isabelle a assassiné Gérard et
Pierre.-
Elle a eu un problème parce que Pierre était trop
amoureux d'elle et elle ne l'aimait plus - et Gerard il a su la
vérité.
Nathalie: Je crois qu'elle est double assassin.
F I N
Avec les amitiés de 1a de Nørresundby Gymnasium
Quand on a fait un travail comme ça, on est bien sûr très curieux de la réaction de ceux qui lisent les messages sur le réseau télématique. Comme nous avions annoncé notre projet à nos partenaires du projet "La petite Sirène", nous avons reçu pas mal de réactions à notre histoire et à nos questions. Comme l'année scolaire était fini et que les grandes vacances nous attendaient, nous avons gardé toutes les réponses sur le disque dur et nous avons commencé à lire et à répondre dès le début de l'année scolaire suivante. Ce qui était surprenant et excitant, c'étaient toutes les lettres qu'on a reçues de l'Europe entière, de sorte que nous avions ainsi de bons partenaires pour des débats télématiques partout.
Pour apprendre une langue étrangère il faut posséder
les capacités d'écrire, de lire, d'écouter
et de s'exprimer et dans le projet décrit on trouve les
possiblité pour faire tout ça avec les élèves:
D'abord il faut écrire une histoire, faire un questionnaire,
ensuite il faut apprendre les repliques et les dire d'une façon
naturelle dans le jeu des scènes ce qui impliques aussi
la capacité de saisir ce que les autres disent.
Enfin il faut lire toutes les lettres qu'on reçoit dans
la langue étudiée et d'autres langues aussi, par
exemple nous avons reçu une lettre de l'Italie écrite
en italien, et ici à leur grande surprise grâce à
leurs connaissances de la langue française les élèves
ont compris l'essentiel de la lettre italienne. Si on avait fait
seulement un projet télématique, les élèves
n'auraient pas eu l'occasion de parler la langue, mais seulement
de l'écrire et de le lire. La combinaison télématique/vidéo
est un précurseur des ordinateurs et des messageries plus
performantes où l'on pourra échanger des files binaires
avec son et images.
Un autre aspect de ce projet me semble aussi très important,
ce sont les conditions de travail et la participation des élèves.
La grande liberté et la responsabilité des élèves
sont des pierres fondamentales pour une construction de cette
sorte. Les élèves ont participé aux décisions
du début à la fin et comme le plan de travail le
montre, ils ont travaillé en groupes responsables selon
les décisions prises en commun. Le résultat de cette
participation était des élèves engagés,
motivés et grâce à la télématique
conscients du fait que le français n'est pas seulement
une langue qu'on apprend dans un cours à l'école,
mais une bonne langue pour communiquer non seulement avec les
pays francophones mais peut-être surtout avec les pays non-francophones.
Un projet comme celui-ci peut être adapté à
n'importe quelle sorte d'enseignement si ce qu'on veut, c'est
de tester les effets pédagogiques de la télématique.
Mais il faut quand même s'assurer d'un nombre de choses
avant qu'on s'y mette.
1) les moyens techniques : ordinateur, modem, réseau, caméra
2) la formation des élèves pour le travail avec
l'ordinateur et la caméra.
3) la discipline et la responsabilité des élèves
- un sujet qu'il faut discuter en classe avant le projet.
4) les destinataires: si c'est possible, c'est une bonne idée
de trouver des partenaires pour un projet de cette sorte qui vont
répondre aux questions et commenter l'histoire, la vidéo
etc. Le plus parfait serait un groupe qui ferait à peu
près la même chose et que l'échange de documents
et de films fassent partie du projet.
5) la préparation du plan de travail : il faut préparer
le projet comme un réalisateur qui écrit un scénario
pour un film. Quand le plan est fait, personne n'improvise, sinon
on aura des problèmes.
Comme vous avez remarqué cet essai est le résultat
d'un projet qui s'est développé peu à peu
avec un groupe d'élèves qui apprennent le français.
La nouvelle technologie vidéo et la télématique
pédagogique ont véhiculé cette approche d'une
langue étrangère d'une façon extraordinaire
et pour moi il n'y a pas de doute que cette nouvelle passerelle
télématique des enseignants finira comme la route
internationale, inter-culturelle et inter-disciplinaire entre
les écoles dans tous les pays.
Jens Peder Weibrecht